Literature
Gurbetelli Ersöz
Translated from Turkish by Delal Chamarane
«J’ai brodé mon coeur sur les montagnes.» Journal d’une combattante kurde (1995-1997)
"I embroidered my heart on the mountains." Diary of a Kurdish fighter (1995-1997)
Dans son journal, Gurbetelli Ersöz chronique les combats, écrit des poèmes et se livre à quelques autocritiques. Tenir un journal était, d’une part, un acte politique et personnel permettant de documenter les faits bruts d’une histoire qui ne serait pas publiée officiellement, et, d’autre part, était l’occasion d’exprimer ses rêves, ses malaises et ses doutes. Le journal de Gurbet permet ainsi de mettre en lumière la formation d’une combattante, de formuler et d’explorer les contradictions de la lutte armée, et d’accompagner et de forger le rôle des femmes dans un tel contexte.
Le fondateur et dirigeant du parti des travailleurs du Kurdistan, Abdulah Öcalan, a toujours encouragé les combattant.e.s du PKK à tenir un journal : à la fois chronique de la lutte pour un Kurdistan indépendant et témoignage sur le terrain pour contrer la désinformation de l’État Turc et de ses alliés. La construction d’une telle archive de la mémoire in situ est essentielle pour cartographier et accompagner les lutter politiques.
Gurbetelli Ersöz (nom de guerre Zeynep Agir) est née dans un petit village de montagne, Akbulut (près de la ville de Palu, région d’Elâzığ), en 1965. De langue première kurde, elle va apprendre le turc à l’école. Elle va poursuivre des études de chimie à l’université de Çukurova avec un master en environnement et énergie. Elle sera accusée de soutenir le PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan), torturée et emprisonnée pendant deux ans. Interdite d’université, elle deviendra journaliste et deviendra la première rédactrice-en-chef en Turquie au journal Özgür Gündem. Arrêtée le 10 décembre 1993 et à nouveau le 12 janvier 1994, après avoir été torturée pendant deux semaines, elle sera condamnée à 3 ans et 9 mois de prison. Elle sera liberée en juin 1994. Elle rejoindra la guérilla du PKK en 1995 et tiendra son journal de fin juillet 1995 au début octobre 1997. Le 8 octobre 1997, Gurbetelli Ersöz sera fauchée par le tir d’un char Léopard (fabriqué à Kassel en Allemagne).
In her diary, Gurbetelli Ersöz chronicles the fighting, writes poems and indulges in some self-criticism. Keeping a diary was, on the one hand, a political and personal act that made it possible to document the raw facts of a history that would not be published officially, and, on the other, an opportunity to express her dreams, her discomfort and her doubts. Gurbet's diary thus sheds light on the formation of a fighter, formulates and explores the contradictions of armed struggle, and accompanies and shapes the role of women in such a context.
The founder and leader of the Kurdistan Workers' Party, Abdulah Öcalan, always encouraged PKK fighters to keep a diary: both a chronicle of the struggle for an independent Kurdistan and a first-hand account to counter the disinformation of the Turkish state and its allies. Building such an archive of memory in situ is essential for mapping and accompanying political struggles.
Gurbetelli Ersöz (war name Zeynep Agir) was born in a small mountain village, Akbulut (near the town of Palu, in the Elâzığ region), in 1965. Her first language was Kurdish, but she learned Turkish at school. She went on to study chemistry at the University of Çukurova, graduating with a master's degree in environment and energy. She was accused of supporting the PKK (Kurdistan Workers' Party), tortured and imprisoned for two years. After being banned from university, she became a journalist and became the first editor-in-chief in Turkey of the newspaper Özgür Gündem. Arrested on 10 December 1993 and again on 12 January 1994, after being tortured for a fortnight, she was sentenced to 3 years and 9 months in prison. She was released in June 1994. She joined the PKK guerrillas in 1995 and kept a diary from the end of July 1995 to the beginning of October 1997. On 8 October 1997, Gurbetelli Ersöz was shot dead by a Leopard tank (manufactured in Kassel, Germany).