Literature
Mohamed Abdallah
Le Nil des vivants
The Nile of the Living
L’Égypte, ses voisins. Le Caire, une ville ayant su se créer une arène entre les mâchoires du désert. Son fleuve surgit d’ailleurs, le Nil, toujours-là, serpente amicalement entre les bâtisses cairotes, disparaît parfois derrière une mosquée ou un cinéma, avant de reparaître pour de bon, antique camarade d’une procession à rebours des décades. Ses ruissellements nourriciers chargés de secrets, de destinées de femmes et d’hommes et des mystères des temps millénaires.
Une époque ? Non, plusieurs. Au commencement, ou plutôt à la fin, deux romanciers, deux cousins qui ne se connaissent pas, mais se rappellent du même univers. Dans leurs livres, ils en récitent la beauté, les grandeurs et les mesquineries, les réussites et les travers.
La racine de cette poétique douloureuse ? Un horizon qui reprend vie, réfracté d’une époque à l’autre. Des révolutions souhaitées, chantées, pleurées. Un monde, quelques continents se croisant au creux d’une vallée où des visages surgissent, des voix s’élèvent, des psaumes se déclament, des musiques dansent, des senteurs courent les rues… Oumm Koulthoum, Youcef Chahine, Tawfiq al-Hakim, Ahmad Shawqi, Cheikh Imam, Fouad Nagm, Soad Hosny et… prennent place au Café Isfet dans le quartier d’El Gamaliyya. Des amitiés brisées, tordues, survivantes, magnifiques. Des amours imprononcés, trop pensés, pas assez vécus.
Des témoins bon enfant, joviaux, quoique fourbus. Et, au milieu de ce champ de superbes ruines, la vie, ses aspirations, des arts, leurs détours inattendus.
Mohamed Abdallah est l’auteur de plusieurs ouvrages : Entre l’Algérie et la France il n’y a qu’une seule Page (2017), Souvenez-vous de nos Sœurs de la Soummam (2018), Aux Portes de Cirta (2019). Son roman Le Vent a dit son Nom (Apic, 2021) a remporté le Grand Prix Assia Djebar 2022 et le Prix Ahmed Baba de la rentrée littéraire du Mali 2023. Avec Le Nil des Vivants, son cinquième roman, l’auteur inscrit définitivement sa plume dans la marche de la littérature algérienne.
Egypt and its neighbours. Cairo, a city that has managed to create an arena for itself between the jaws of the desert. Its river emerges from elsewhere, the Nile, always there, meandering amiably between Cairo's buildings, sometimes disappearing behind a mosque or cinema, before reappearing for good, an ancient companion in a procession backwards through the decades. Its nourishing trickles are full of secrets, the destinies of men and women and the mysteries of millennia.
One era? No, several. At the beginning, or rather at the end, two novelists, two cousins who don't know each other but remember the same universe. In their books, they recount its beauty, its greatness and its pettiness, its successes and its failings.
The root of this painful poetics? A horizon that comes back to life, refracted from one era to the next. Revolutions wished for, sung about, mourned. A world, several continents intersecting in the hollow of a valley where faces emerge, voices rise, psalms are declaimed, music dances, scents run through the streets... Oumm Koulthoum, Youcef Chahine, Tawfiq al-Hakim, Ahmad Shawqi, Cheikh Imam, Fouad Nagm, Soad Hosny and... take their places at Café Isfet in the El Gamaliyya district. Broken, twisted, surviving, magnificent friendships. Unspeakable loves, over-thought, under-experienced.
Good-natured, jovial, albeit frazzled, witnesses. And, in the midst of this field of superb ruins, life, its aspirations, the arts, their unexpected detours.
Mohamed Abdallah is the author of several books: Entre l'Algérie et la France il n'y a qu'une seule Page (Between Algeria and France there is only one Page, 2017), Souvenez-vous de nos Sœurs de la Soummam (Remember our Sisters of the Soummam, 2018), Aux Portes de Cirta (At the Gates of Cirta, 2019). His novel Le Vent a dit son Nom (The Wind has spoken its Name, Apic 2021) won the Grand Prix Assia Djebar 2022 and the Prix Ahmed Baba de la rentrée littéraire du Mali 2023. With Le Nil des Vivants (The Nile of the Living), his fifth novel, the author has put his pen firmly on the map of Algerian literature.